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A cheval sur le trépas, L'Harmattan, 2009 - extraits

A cheval sur le trépas

 

Vertébré par les douze récurrences de "Au-delà de l'aube", A cheval sur le trépas se déploie comme une mise en abyme. Quête de sens, enquête de soi, épreuve du monde dans laquelle on entre "tête la première", que libère "le silence rompu" : on avance à grands pas dans une langue "qui vide les mots de ta bouche", où "l'abîme est un souffle et la poésie, liquide". Et si la mort, "instant d'échange au silence", "rend visite souvent" au poète, bavarde avec lui "dans la langue des tumultes", c'est que "la vie sur terre est ce jour qui guette".

Disponible en ligne sur le site de l'Harmattan.

 

Extraits :

 

Extase

I

J'écarte lentement le silence, sans un bruit.
Je ne veux pas nuire à ce que la lumière effeuille,
De chants bleus et d'ombres joueuses
Dans les feuillages frémissants.

Je vis la légèreté de ce royaume,
L'intérieur du ciel, en y plantant les veines
Comme l'herbe folle arrache le soleil
Pour resplendir de son propre éclat

Dans le matin trempé
- au midi compté -
dans le soir ébloui,
comme au dernier jour.





II

Ce jour, le même jour
Qu'une même ombre,
Augmentée du terrible nombre,
Traverse dans un souffle, jusqu'au sourire
A peine formé ; devinant dans le noir
Le soupir léger, presque silence,
Que la paume dans une caresse
Effleure sans se refermer.




III

La nature qui déborde attend son astre ;
De la plus ancienne meurtrière -
L'ultime regard - un signe,

Soudain, sans mélange, feu
De joie souverain, surgit ;

Un corps les yeux fermés, épouse
Les formes de l'eau - l'esprit sur les lèvres ;
La vie sur terre est ce jour qui guette.

 

 

Pays de tous les hommes

Etrange est cette frontière -
On t'y devine - irréversible
Débordement - si proche
Du pressentiment ;

Consentant au seuil absurde
Au soir de chaque aube -
Comme limpide l'obscurité
D'une flaque devient la source.

Rumeurs courant les mystères ;
Entre nous, plus présente à la face du jour
Que la présence de nos corps,
Une attraction interdite ;

Où toute parole semble vaine. All men's land,
Pays de tous les hommes - où la lumière
N'a plus tout à fait prise, la pénombre
Pas tout à fait corps, les corps distincts

Tendent à se terrer, la gorge serrée des morts
Rejoint les oiseaux pour qu'au dernier moment
Silence se fasse, sans taire le tapis des rivières
A l'approche du versant.

 

 

 

 

Au-delà de l'aube (XI)

Sur sa peau ne flotte plus que la lumière pâle
Du jour où tombent les dernières robes d'automne
Et sous la main qui la contemple, la nuit déjà s'avance.

Le chat sur le rebord de la fenêtre, entre chien et loup,
Guette, et disparaît - un oiseau cet été, raide mort
Etait tombé là - le téléphone se tait ; bientôt la neige.





Peau fraîche du soir
Qui meurt solitaire, dans l'intimité
Profonde de chaque créature ;

Dont je salue, cantonnier du crépuscule,
Ravagé d'amour -
L'errance source.





Hiver de l'homme. Nuit sourde.
Tours de cerceaux et forêts.
Glace - le béton.

Mes yeux, noirs, parmi les yeux fous.
Je n'ai pas peur, fleur sur l'outre-tombe -
Il me faut.






T'incliner à la première aube,
Presser le lait du petit jour,
Un souffle en creux, une réalité s'éveille -

Bouche de songes, l'enveloppe infinie,
Les facettes à cent revers sur les litières déflorées,
La présence du vent sur la crinière des braises.






Sourdre des heures à finir d'attendre,
Dans ton pli humide, à l'aurore,
La joie qui pleut.

Fin du jour.
Tes signes étoilent.
Ma patience culmine.






Hommage à l'aube -
La joie sans mélange,
Les corps en voyage

Débordent la lumière fragile
Qui abonde et les dépose
Très au-delà d'eux-mêmes.

Sous-pages :

 
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